L’udérochromatisme a développé une musique expérientielle et pulsatile, qui, dans le cadre de ses applications et de ses instruments, mixe le silence en couleurs en utilisant, dans ses partitions des notes carrées ou glissantes. Un premier axe où le son est un silence qui se joue avec des formes géométriques 3D ou des organes pulsatifs. Quant au second, il s’ancre dans des performances en concert, où pulsations chromatiques et manifestations sonores résonnent en sur un phénomène d’écho en s’entrelaçant dans un dialogue vivant. Ce dispositif scénique propose de faire résonner ensemble deux modalités d’expression : la couleur vibrante des viscères et les sons bruts émis par la voix.

Le silence musical de l’intériorité
Pour le premier axe, ma musique, qui ne fait aucun bruit, s’inscrit dans une filiation singulière avec l’esprit de 4’33 » de John Cage et les gestes poétiques et radicaux du mouvement Fluxus. Ici, le silence n’est pas absence, mais territoire : il est matière sensible, vibration intérieure, espace d’écoute du vivant. Dans les dispositifs de applications et des instruments de musicalité, les formes géométriques 3D et les organes deviennent en se colorisant et en palpitant des extensions sensibles du corps. Ces formes sculpturales, animées par des battements lumineux, agissent comme des corps diffus dans l’espace. Elles ne produisent pas de sons mais résonnent avec les émotions viscérales des spectateurs. Mon travail explore ainsi une musicalité invisuelle, une forme d’écriture sensorielle où les rythmes sont ceux du souffle, des flux internes, des fréquences du corps. Cette orientation me conduit à développer une pensée de l’art comme expérience trans-sensorielle, où la frontière entre perception et sensation s’efface.
Dialogue entre le silence musical de l’intériorité et une autre matière sonore
Le second prend corps dans des performances-concerts, où les pulsations colorées s’affranchissent du silence et rentrent en dialogue avec une matière sonore, inspirée par les travaux de Meredith Monk sur la voix pré-verbale et les gestes vocaux archaïques. Un para langage vocal reposant sur des soupirs, raclements de gorge, souffles, sifflements, gémissements, grondements… autant de micro-événements acoustiques spontanés, fragmentaires, qui échappent au langage articulé. Dans cette perspective, la voix est envisagée comme une matière première organique, une prolongation de l’émotion viscérale et de l’être-ensemble. Les pulsations chromatiques répondent ou précèdent ces émanations sonores, créant des interactions sensibles, parfois imprévisibles, entre perception visuelle et vibration acoustique. Il ne s’agit pas d’un simple accompagnement visuel du son, mais d’une co-fabrication sensorielle, où les éléments pulsatifs deviennent autant porteurs d’émotion que les sons eux-mêmes. Le dispositif, résolument collectif et inclusif, invite le public à contribuer activement à l’édification d’une figure commune, mouvante et pulsative. Chaque individu, par son action ou son fragment sonore, vient tisser la texture vivante d’un corps collectif éphémère, porteur d’une musicalité à la fois archaïque et futuriste.